
La plupart des pilotes pensent que la glisse est l’ennemi absolu du chrono. C’est une erreur de perspective qui limite leur potentiel.
- La micro-glisse n’est pas un échec, mais un signal précieux que vous atteignez la limite d’adhérence.
- Le bon réflexe face au sous-virage (le kart qui « tire tout droit ») n’est pas de braquer plus, mais de braquer moins pour redonner du grip aux pneus avant.
Recommandation : Apprenez à ressentir et interpréter la glisse comme un dialogue avec votre kart, plutôt que de la combattre comme une erreur à corriger brutalement.
Cette sensation, chaque pilote la connaît. Le cœur qui s’accélère en une fraction de seconde, les mains qui se crispent sur le volant. Le train arrière qui décroche ou l’avant qui refuse d’obéir et file inexorablement vers l’extérieur du virage. Le réflexe est immédiat, presque primal : un coup de volant brusque dans la direction opposée, un pied qui écrase le frein. Vous avez l’impression d’avoir sauvé la situation, mais le chronomètre, lui, est sans pitié. Vous venez de perdre un temps précieux en combattant un fantôme.
On vous a probablement toujours dit que « glisser, c’est lent ». C’est un mantra répété sur tous les circuits. On vous a appris à contre-braquer comme solution universelle à toute perte d’adhérence. Ces conseils partent d’une bonne intention, mais ils sont terriblement incomplets. Ils vous traitent comme un simple conducteur qui subit des erreurs, pas comme un pilote qui dialogue avec sa machine. Ils ignorent la nuance fondamentale qui sépare un amateur d’un expert : la capacité à lire et utiliser les informations que le châssis transmet.
Et si cette glisse que vous redoutez tant n’était pas une erreur, mais une conversation ? Si votre kart, à travers ces légères dérives, vous disait exactement où se situe la limite d’adhérence ? Cet article propose un changement radical de perspective. Nous n’allons pas vous apprendre à éviter la glisse, mais à la décoder. Vous allez découvrir comment transformer votre rôle de simple conducteur en celui d’un « pilote-capteur », un funambule qui joue avec la limite pour en extraire chaque centième de seconde. Oubliez la panique ; il est temps d’apprendre le langage de l’adhérence.
Pour vous guider dans cette transformation, nous allons décomposer le phénomène de la glisse. Nous identifierons les différents types de dérives, nous verrons comment les corriger avec finesse plutôt qu’avec force, et nous établirons la différence cruciale entre la glisse qui fait gagner du temps et celle qui vous fait passer pour un débutant.
Sommaire : Devenir un expert du langage de la glisse en karting
- Mon kart « tire tout droit » ou « part de l’arrière » ? Apprenez à diagnostiquer la glisse pour mieux la corriger
- Le réflexe contre-intuitif qui sauve du sous-virage : arrêtez de braquer plus !
- Oubliez le contre-braquage : comment contrôler la glisse avec vos pieds
- Sous la pluie, la glisse est la norme : comment piloter en dérive constante sans perdre de temps
- La glisse « pour le spectacle » : l’habitude qui vous fera stagner et passer pour un amateur
- La différence entre la « bonne » glisse qui fait pivoter le kart et la « mauvaise » glisse qui détruit le chrono
- Contre-braquer : comment rattraper une glisse en une fraction de seconde
- Le dérapage est l’ennemi de la vitesse : pourquoi ça glisse et comment l’arrêter
Mon kart « tire tout droit » ou « part de l’arrière » ? Apprenez à diagnostiquer la glisse pour mieux la corriger
Avant de pouvoir maîtriser la glisse, il faut la comprendre. Chaque dérive est un symptôme, un message clair envoyé par le châssis et les pneus. Votre premier travail de pilote est de devenir un excellent diagnostiqueur. Il existe deux grandes familles de glisse : le sous-virage et le survirage. Le sous-virage, c’est la sensation que l’avant du kart « pousse » ou « tire tout droit » ; vous tournez le volant, mais le kart continue sur une trajectoire plus large que prévu. Le survirage, c’est l’inverse : l’arrière décroche et veut passer devant, vous obligeant à contre-braquer pour ne pas partir en tête-à-queue.
Ces deux comportements ne surviennent pas par hasard. Ils sont le résultat direct de vos actions sur les commandes (volant, accélérateur, frein) et de la physique du transfert de masse. Un freinage trop tardif et violent déleste l’arrière et peut provoquer un survirage en entrée de virage. Une accélération trop précoce ou brutale en sortie de courbe peut avoir le même effet. À l’inverse, arriver trop vite dans un virage et braquer excessivement sature le grip des pneus avant, menant au sous-virage. Le pneu n’est pas un interrupteur on/off ; il possède une « zone de travail » où son adhérence est maximale. Dépasser cette zone, c’est entrer dans le domaine de la glisse.

Comprendre ce qui se passe et à quel moment est la clé. Le son, les vibrations dans le volant et la sensation dans votre siège sont des indices cruciaux. Un léger crissement des pneus avant est un signe de sous-virage imminent, tandis qu’une sensation de « flottement » de l’arrière annonce un survirage. Le tableau suivant vous aidera à poser le bon diagnostic pour chaque situation.
| Sensation ressentie | Phase du virage | Cause probable | Action corrective |
|---|---|---|---|
| Arrière qui décroche brutalement | Freinage/Entrée | Freinage trop appuyé à l’arrière | Doser progressivement la pédale |
| Avant qui pousse tout droit | Entrée/Corde | Vitesse excessive + surbraquage | Réduire angle volant + légère décélération |
| Glissement progressif arrière | Sortie | Accélération trop brutale | Filet de gaz progressif |
| Vibrations dans le volant | Toutes phases | Limite d’adhérence proche | Alléger les commandes |
Être capable de nommer ce qui se passe (« Là, je sous-vire », « Ici, c’est du survirage à l’accélération ») est la première étape pour transformer une réaction de panique en une action réfléchie et corrective. Vous cessez de subir et commencez à analyser.
Le réflexe contre-intuitif qui sauve du sous-virage : arrêtez de braquer plus !
Le sous-virage est sans doute la situation la plus frustrante pour un pilote en apprentissage. Le kart refuse de tourner, il élargit sa trajectoire et vous voyez le vibreur extérieur se rapprocher dangereusement. L’instinct primaire hurle une seule chose : « Braque plus ! Force-le à tourner ! ». C’est pourtant la pire chose à faire. En augmentant l’angle de braquage sur un pneu avant qui a déjà saturé, vous ne faites qu’aggraver la glisse. Vous lui demandez de faire quelque chose qu’il est physiquement incapable de faire.
Le véritable remède au sous-virage est totalement contre-intuitif : il faut braquer moins. En réduisant très légèrement l’angle au volant, vous diminuez la contrainte sur les pneus avant et vous leur permettez de retrouver leur « zone de travail », c’est-à-dire leur adhérence. C’est un micro-ajustement, pas un grand mouvement. Imaginez que vous « ouvrez » la porte au train avant pour qu’il puisse à nouveau mordre le bitume. Cette action doit être couplée à une légère décélération ou un simple soulagement de l’accélérateur pour transférer un peu de poids sur l’avant et aider les pneus à retrouver du grip.
C’est un véritable dialogue que vous engagez avec le train avant. Il vous dit « je suis saturé », et vous lui répondez « d’accord, je te soulage pour que tu puisses travailler à nouveau ». C’est un acte de finesse, pas de force. L’objectif n’est pas de ralentir brutalement, mais de provoquer un infime transfert de masse vers l’avant tout en redonnant de la liberté de rotation aux roues. Dès que vous sentez l’avant qui « raccroche » et que le kart recommence à pivoter, vous pouvez remettre progressivement du volant et de l’accélérateur.
Plan d’action pour neutraliser le sous-virage
- Point de contact : Identifiez le signal précurseur (le volant devient « léger », le kart élargit).
- Action immédiate : Gelez les mains. Résistez à l’envie de braquer davantage. C’est le point le plus crucial.
- Correction pédale : Soulagez très légèrement et brièvement l’accélérateur pour transférer du poids vers l’avant. Ne freinez pas.
- Correction volant : Réduisez l’angle de braquage d’un quart de tour ou moins, juste assez pour permettre aux pneus de retrouver leur adhérence.
- Plan de reprise : Dès que vous sentez le grip revenir, réappliquez progressivement l’angle et le gaz pour poursuivre votre trajectoire.
Maîtriser cette technique transforme radicalement votre pilotage. Au lieu de vous battre contre le kart et de perdre du temps à chaque virage un peu optimiste, vous apprenez à collaborer avec lui, en utilisant le sous-virage non pas comme un mur, mais comme une simple information sur la limite à ne pas dépasser.
Oubliez le contre-braquage : comment contrôler la glisse avec vos pieds
Le contre-braquage est l’image d’Épinal du contrôle de la glisse. Pourtant, pour un pilote fin, le volant n’est que l’outil de dernier recours. Le véritable contrôle d’une dérive du train arrière (survirage) se passe bien avant, au niveau de vos pieds. C’est ce que l’on appelle le dialogue pédale-volant. Le volant donne la direction générale, mais ce sont l’accélérateur et le frein qui modulent l’attitude du kart en temps réel et avec une précision chirurgicale.
Imaginez que l’accélérateur n’est pas seulement un interrupteur pour aller vite, mais un gouvernail pour le train arrière. En sortie de virage serré, une ré-accélération un peu trop franche va faire décrocher l’arrière. Le réflexe du débutant est de couper les gaz et de contre-braquer. Le pilote expérimenté, lui, va à peine bouger le volant. Il va simplement maintenir un filet de gaz constant ou même soulager l’accélérateur d’à peine quelques pourcents. Cette action stabilise le châssis, arrête l’amplification de la glisse et permet au kart de se réaligner naturellement.
Le frein joue également un rôle subtil. En karting, le freinage agit principalement sur les roues arrière. Un coup de frein, même léger, en plein milieu d’une courbe peut déclencher ou amplifier un survirage. Cependant, une technique avancée consiste à utiliser le pied gauche pour appliquer une pression infime sur le frein tout en maintenant l’accélérateur avec le pied droit. Cette technique permet de stabiliser le kart, de mieux le faire pivoter dans les virages lents et de gérer la glisse avec une précision redoutable. C’est l’art de jouer sur le transfert de charge pour contrôler l’attitude du kart au millimètre près.
Penser avec ses pieds demande de la pratique, mais c’est la clé pour passer d’un pilotage réactif à un pilotage proactif. Vous ne corrigez plus la glisse, vous la gérez avant même qu’elle ne devienne un problème. Voici quelques techniques à intégrer :
- Le filet de gaz stabilisateur : En cas de début de glisse de l’arrière à l’accélération, ne coupez pas tout. Essayez de maintenir une légère pression sur l’accélérateur pour garder le châssis « en charge » et stable.
- Le freinage dégressif : Entrez dans le virage avec une pression de frein maximale et relâchez-la très progressivement jusqu’au point de corde. Cela évite le blocage des roues arrière et le survirage brutal en entrée.
- L’écoute du moteur : Le son du moteur est un indicateur précieux. Une chute brutale de régime indique un patinage excessif des roues arrière. Votre oreille peut vous aider à doser l’accélérateur pour rester juste à la limite de la glisse efficace.
En maîtrisant ce dialogue avec les pédales, le volant redevient ce qu’il doit être : un outil de direction, et non une béquille pour rattraper des erreurs. Vous pilotez avec tout votre corps, et la glisse devient un paramètre que vous ajustez, et non plus un accident que vous subissez.
Sous la pluie, la glisse est la norme : comment piloter en dérive constante sans perdre de temps
Piloter sous la pluie est un art qui terrifie de nombreux pilotes. L’adhérence est précaire, la visibilité est réduite et le kart semble vouloir glisser en permanence. C’est précisément là que notre changement de perspective prend tout son sens. Sous la pluie, la glisse n’est plus une exception, c’est la norme. Le but n’est plus de l’éviter à tout prix, mais de la maintenir dans une fenêtre contrôlée et constante pour sentir la limite.
La première règle d’or sur piste mouillée est d’oublier la trajectoire classique. La gomme déposée par les karts sur sol sec se mélange à l’eau pour créer une pellicule noire et extrêmement glissante, une véritable patinoire. Le grip se trouve ailleurs, généralement à l’extérieur des virages, là où le bitume est plus neuf, plus poreux et moins gommé. Il faut donc adopter des trajectoires beaucoup plus rondes, en sacrifiant le point de corde pour aller chercher cette adhérence salvatrice. Votre pilotage doit devenir incroyablement doux et décomposé. Chaque action – braquage, freinage, accélération – doit être progressive et dosée avec une infinie délicatesse.

Le secret des experts de la pluie est de maintenir une légère dérive des quatre roues. Il ne s’agit pas d’un drift spectaculaire, mais d’un micro-glissement permanent qui leur sert de radar. En maintenant le kart juste à la limite du décrochage, ils sentent en temps réel l’évolution du grip disponible. Si la glisse augmente, ils savent qu’ils doivent réduire la sollicitation ; si elle diminue, ils peuvent attaquer un peu plus. C’est un pilotage tout en sensation, où le « feeling » dans le siège et le volant devient l’information principale.
Pour y parvenir, il faut adopter un protocole spécifique. L’objectif est de ne jamais surprendre le kart. Les freinages doivent commencer plus tôt et être beaucoup plus progressifs. Les accélérations doivent être retardées et appliquées comme si on appuyait sur une éponge. Toute brutalité se traduit par une perte de contrôle immédiate. L’anticipation est votre meilleure alliée : votre regard doit porter encore plus loin que sur le sec pour vous donner le temps de réagir en douceur.
- Cherchez la trajectoire du grip, souvent à l’extérieur des virages. N’hésitez pas à tester différentes lignes.
- Maintenez une glisse légère et constante des quatre roues pour sentir la limite d’adhérence.
- Évitez l’aspiration directe derrière un autre kart pour ne pas être aveuglé par les projections d’eau ; décalez-vous légèrement.
- Freinez très progressivement en entrée pour ne pas bloquer l’arrière.
- Accélérez tardivement et avec une extrême progressivité en sortie pour éviter le patinage.
En considérant la glisse comme votre guide sur une piste à faible adhérence, vous transformez une situation stressante en un fascinant exercice de contrôle et de finesse. Vous ne subissez plus la pluie, vous dansez avec elle.
La glisse « pour le spectacle » : l’habitude qui vous fera stagner et passer pour un amateur
Il y a une image tenace dans l’esprit du public, souvent alimentée par les films et les jeux vidéo : celle du dérapage spectaculaire, pneus fumants, en plein virage. Pour beaucoup, c’est le symbole ultime du pilotage. En réalité, sur un circuit, c’est le signe quasi certain d’un pilote lent. Cette glisse ample et bruyante, la « glisse pour le spectacle », est l’ennemie jurée du chronomètre. Elle vous fait peut-être sentir comme un héros, mais elle détruit votre performance.
Pourquoi ? Parce qu’un pneu qui dérape bruyamment est un pneu qui ne travaille plus. Au lieu de convertir l’énergie du moteur en mouvement vers l’avant, il la dissipe en chaleur et en frottement contre l’asphalte. Vous faites beaucoup de bruit, beaucoup de spectacle, mais vous n’avancez plus. Selon les observations des écoles de pilotage professionnelles, on estime que chaque dérapage excessif fait perdre entre 0,2 et 0,5 seconde par virage. Multipliez cela par le nombre de virages sur un tour, et vous comprenez l’ampleur du désastre chronométrique.
Cette habitude est un piège psychologique. Elle procure une sensation de vitesse et de contrôle alors qu’elle produit l’exact inverse. Le pilote efficace, celui qui signe les meilleurs temps, donne souvent l’impression d’être « lent » ou « arrêté ». Ses gestes sont minimes, ses trajectoires sont pures, et son kart semble posé sur des rails. Il n’y a pas de grands coups de volant, pas de crissements de pneus à chaque virage. C’est le paradoxe du pilotage : pour aller vite, il faut être fluide et silencieux. Comme le résume parfaitement un instructeur expérimenté :
Plus tu auras la sensation d’être arrêté, plus les chronos descendront, moins tu seras fatigué, plus tu seras endurant, régulier et performant.
– Bob, instructeur Free-Drivers
Cette citation est la clé. La recherche de la glisse spectaculaire est une recherche de sensations fortes, pas de performance. C’est une habitude qui non seulement vous ralentit, mais qui vous empêche de développer le véritable « feeling » de la limite. Vous saturez tellement les sens avec du bruit et des vibrations que vous devenez sourd au langage subtil de votre châssis. Vous ne pouvez plus sentir la micro-glisse informative, car vous êtes déjà en plein dans le dérapage destructeur.
Abandonner cette habitude est un acte d’humilité qui paie cash sur le chrono. C’est le passage de l’adolescence du pilote, qui veut en mettre plein la vue, à la maturité, qui ne recherche que l’efficacité pure.
La différence entre la « bonne » glisse qui fait pivoter le kart et la « mauvaise » glisse qui détruit le chrono
Nous arrivons au cœur de notre sujet, la nuance fondamentale qui sépare le pilotage efficace du sur-pilotage. Toutes les glisses ne sont pas égales. Il y a la « mauvaise » glisse, celle que nous venons de décrire : large, bruyante, subie, qui freine le kart et détruit les pneus. Et puis il y a la « bonne » glisse : une micro-dérive intentionnelle, contrôlée et à peine perceptible, que le pilote utilise comme un outil pour améliorer sa performance.
La « bonne » glisse n’est pas un dérapage. C’est un léger pivotement du kart sur lui-même, initié par le pilote pour aider le châssis à tourner plus vite dans un virage serré, comme une épingle. Au lieu d’attendre que le kart tourne uniquement grâce à l’angle des roues avant, le pilote provoque une infime rotation du train arrière pour « enrouler » le virage plus tôt et plus vite. Cette technique permet de réaligner le kart face à la sortie plus rapidement, et donc de pouvoir ré-accélérer plus tôt. C’est une manœuvre de quelques degrés à peine, qui dure une fraction de seconde. Le son associé n’est pas un cri strident, mais un léger « chuintement », le son d’un pneu qui travaille à sa limite absolue de grip.
La « mauvaise » glisse, elle, est une conséquence d’une erreur : une vitesse d’entrée trop élevée, un freinage manqué, une accélération trop brutale. Elle est subie. Le pilote ne la contrôle pas, il essaie de la rattraper. L’énergie cinétique du kart, au lieu d’être conservée pour la vitesse de sortie, est gaspillée en chaleur et en frottements. C’est purement et simplement de l’énergie perdue.
Pour mieux visualiser cette différence fondamentale, voici une analyse comparative qui résume les points clés, basée sur les observations physiques du comportement d’un kart en virage.
| Critère | Bonne glisse (efficace) | Mauvaise glisse (destructrice) |
|---|---|---|
| Intentionnalité | Provoquée et contrôlée par le pilote | Subie, conséquence d’une erreur |
| Vecteur énergétique | Convertit l’énergie latérale en rotation | Dissipe l’énergie en chaleur et frottement |
| Son des pneus | Léger crissement (pneu qui travaille) | Cri aigu (dérapage destructeur) |
| Impact chrono | Gain de 0,1 à 0,2s dans les virages serrés | Perte de 0,3 à 0,5s par virage |
| Usure pneus | Usure normale progressive | Dégradation rapide et irrégulière |
La prochaine fois que vous sentirez une dérive, posez-vous la question : « Est-ce que je l’ai provoquée et est-ce qu’elle m’aide à tourner, ou est-ce que je la subis et elle me ralentit ? ». La réponse à cette question déterminera votre niveau de pilotage.
Contre-braquer : comment rattraper une glisse en une fraction de seconde
Même le meilleur des pilotes peut se faire surprendre. Une flaque d’huile, un vibreur humide, une erreur de jugement… et l’arrière décroche violemment. Dans cette situation d’urgence, le contre-braquage redevient un outil indispensable. Mais là encore, il y a une différence fondamentale entre le contre-braquage brutal du débutant et le geste précis de l’expert. Le premier est une réaction de panique, le second est une manœuvre réfléchie et dosée.
La règle d’or du contre-braquage efficace est simple : vos yeux commandent vos mains. Au moment où le kart commence à glisser, votre instinct vous pousse à regarder le mur ou l’obstacle vers lequel vous vous dirigez. C’est une erreur fatale. Vous devez immédiatement et de force fixer votre regard sur la direction où vous voulez aller : le point de sortie du virage, le milieu de la piste. Vos mains suivront naturellement et tourneront le volant dans la bonne direction.
Le geste de contre-braquage lui-même doit être rapide, mais pas violent. Il s’agit de tourner le volant dans la direction opposée à la glisse de l’arrière. Si l’arrière part vers la droite, vous tournez le volant vers la droite. Cependant, le secret n’est pas dans l’action de tourner, mais dans celle de revenir. C’est la séquence dite du « catch and release » (attraper et relâcher). Vous « attrapez » la glisse avec le volant, mais vous devez impérativement ramener le volant en position droite AVANT que le grip des pneus arrière ne revienne complètement. Si vous attendez trop longtemps, le retour d’adhérence va provoquer un violent « coup de raquette » dans l’autre sens, souvent incontrôlable.
Ce timing est une question de millisecondes et demande une synchronisation parfaite avec l’accélérateur. Un léger filet de gaz pendant le contre-braquage peut aider à stabiliser le châssis et à rendre le retour au grip plus progressif. Comme le rappellent les experts, le contre-braquage est un réflexe de survie :
En cas de perte d’adhérence, il est fortement recommandé de contre-braquer, c’est-à-dire de tourner les roues dans la direction opposée du virage pour retrouver l’équilibre du kart.
– Karting Evasion
Pour maîtriser ce geste, il faut s’y préparer mentalement. La séquence est toujours la même : le regard fixe la sortie, les mains suivent le regard pour contre-braquer, et on ramène le volant au neutre juste avant le retour du grip. C’est un mouvement fluide et anticipé, pas une correction tardive.
Le but ultime, cependant, reste de ne pas avoir à l’utiliser. Un bon pilote contre-braque rarement, car il sent la glisse arriver et la gère avec ses pieds bien avant qu’elle ne devienne critique.
À retenir
- La glisse n’est pas une erreur mais une information. La micro-dérive vous indique la limite d’adhérence et peut être utilisée pour faire pivoter le kart plus efficacement.
- Face au sous-virage (le kart qui va tout droit), le réflexe salvateur est contre-intuitif : il faut légèrement réduire l’angle de braquage pour permettre aux pneus avant de retrouver du grip.
- La « bonne » glisse est une rotation contrôlée qui améliore le chrono dans les virages serrés, tandis que la « mauvaise » glisse est un dérapage subi qui dissipe l’énergie et détruit la vitesse.
Le dérapage est l’ennemi de la vitesse : pourquoi ça glisse et comment l’arrêter
Après avoir exploré les nuances de la glisse, revenons au principe fondamental : le dérapage incontrôlé est l’ennemi absolu de la vitesse. Notre objectif n’est pas de glorifier la glisse, mais de vous apprendre à la lire pour mieux l’éviter dans sa forme la plus destructrice. Comprendre pourquoi ça glisse est la clé pour mettre en place un pilotage proactif qui prévient le dérapage avant même qu’il ne se produise.
La glisse survient pour une raison simple : vous avez demandé au pneu plus que ce qu’il pouvait vous donner. Que ce soit par un braquage trop brutal, un freinage trop appuyé ou une accélération trop généreuse, vous avez dépassé sa capacité d’adhérence. Le secret d’un pilotage rapide et fluide est donc la douceur et l’anticipation. Un pilote qui ne glisse pas (ou très peu) est un pilote qui a parfaitement anticipé son virage. Il a ajusté sa vitesse en amont, il a choisi la bonne trajectoire pour maximiser son rayon de courbure et il applique ses commandes avec une progressivité maximale.
La prévention du dérapage est une philosophie de pilotage qui repose sur quelques piliers. Le regard est le premier d’entre eux. En regardant loin devant (la sortie du virage, voire le virage suivant), vous donnez à votre cerveau le temps de traiter l’information et d’envoyer des commandes fluides et non des corrections paniquées. La position des mains, idéalement à « 10h10 », permet des mouvements précis et symétriques. Enfin, l’utilisation de toute la largeur de la piste pour « ouvrir » vos virages est essentielle : un rayon plus grand diminue la force centrifuge et donc la charge sur les pneus.
Mettre en place un protocole de prévention vous aidera à construire des bases saines pour un pilotage propre et efficace. Voici les points essentiels à intégrer :
- Regardez loin : Fixez toujours votre regard sur le point de sortie du virage, jamais sur le point de corde ou juste devant vos roues.
- Ralentissez avant, pas pendant : La majorité du freinage doit être effectuée en ligne droite, avant d’initier le braquage.
- Soyez doux avec le volant : Appliquez la direction en un seul mouvement fluide et progressif. Évitez les « coups de volant ».
- Utilisez toute la piste : Élargissez au maximum en entrée pour avoir le meilleur angle, serrez le point de corde, puis élargissez de nouveau en sortie.
- Accélérez progressivement : Le pied droit doit être aussi sensible que votre main. Appliquez le gaz en douceur à mesure que vous débraquez.
En conclusion, maîtriser la glisse, c’est paradoxalement apprendre à ne plus en avoir besoin dans sa forme la plus extrême. C’est développer une telle sensibilité que vous dansez en permanence sur le fil de l’adhérence, utilisant les micro-informations du châssis pour rester dans la zone d’efficacité maximale. Prenez le volant, non pas avec la peur de la glisse, mais avec la curiosité d’écouter ce que votre kart a à vous dire. C’est là que se trouve la vraie vitesse.